Avec ça, on est bien représenté !

Publié le par ehim

Après 6 ans d’enquête, Eric Kerrouche et Olivier Costa, chercheurs au CNRS, ont dressé le portrait-robot du député actuel, ce qui n’avait pas été fait depuis 20 ans, et montre que la fonction n'évolue pas dans le sens du progrès de la démocratie.

Sera-t-on surpris de constater que, d’après cette recherche, la plupart des députés sont des hommes (87,5%), de plus 50 ans dans 72% des cas, cadre supérieur plus d’une fois sur deux, et qu'on ne compte parmi eux que 3,5% d’ouvriers ou employés ?

Le député UMP est plutôt proche du MEDEF local et son collègue PS un pur produit de son parti, parachuté au besoin. En fait, le poste de député est réservé à une élite qui dispose d’un réseau. Cette recherche montre que la perversion du système vient de ce que les hommes politiques sont devenus des professionnels qui cumulent les postes d’élus pour ne pas retourner à la vie civile en cas de perte de l’un de leurs mandats. Petit à petit, ils se constituent des réseaux d’influence qui les rendent indéboulonnables, ce qui explique leur moyenne d’âge. En France, il est impossible d’être élu si l’on n’est pas un notable ou parrainé par l’un d’entre eux (on en voit qui font élire leur attaché parlementaire lorsqu’ils prennent leur retraite), alors que dans d’autres pays (peut-être plus démocratiques), cela est accessible à un plus grand nombre dans d’autres catégories de la population.

En France, 239 députés sont aussi maires, 124 sont conseillers régionaux ou régionaux. On ne peut donc guère s’étonner que les fauteuils de l’Assemblée soient vides aussi souvent, et que la plupart des parlementaires soient des godillots qui cautionnent la politique de leurs partis sans participer aux débats.

Bref, cette représentation n’a de nationale que le nom, car ses membres se font élire pour faire carrière aux frais de la République et on se demande si cela ne les intéresse pas plus que de donner l’avis de leurs électeurs à la tribune de l’Assemblée Nationale. Pour des gens qui prétendent vouloir réduire les frais de l’Etat et qui, pour certains, ne parlent que des prétendus « privilèges » des fonctionnaires, c’est l’hôpital qui se fout de la charité.

Publié dans ehim

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J
quelle lucidité !!!! <br /> c'est effectivement lumineux.
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