Au pays des Grands Enfants

Publié le par ehim

Si l'on peut affirmer sans rire, ou presque, que les Anglais sont un peuple de boutiquiers qui n'examine en toute chose que ce qu'il a à gagner ou à perdre, les Italiens un peuple de combinards qui préfère être gouverné par la Mafia plutôt que par ses lois, et les Américains un peuple inculte dont les références culturelles emblématiques sont Batman, Walt Disney et John Wayne, on est bien obligé de reconnaître que ce qui caractérise le peuple français est son infantilisme.

Il suffit d'avoir vu à la télévision un pannel représentatif de Français interroger les candidats à la présidence de la République pour en être convaincu.

Du petit patron de PME qui  quémande des allègements de charges supplémentaires, en passant par l'agriculteur qui assure 40% de ses revenus par des subventions, pour finir par l'handicapé qui s'apitoie sur lui-même parce qu'il faudrait que toutes les infrastructures soient adaptées à son handicap personnel, on se rend compte que celui que tous les Français, quels qu'ils soient, voudraient élire à la tête de leur pays, c'est le Père Noël.

La structure monarchique du pouvoir républicain ne fait que répliquer celle des monarchies absolues qui ont dirigé la France pendant 1000 ans, et perpétue la même conception du pouvoir que celle de ses souverains qui accordaient leur faveur à tel ou tel selon leur bon vouloir du moment.

Cette conception du pouvoir est encore dans les gènes des Français et de leurs dirigeants. Chez les premiers parce qu'ils ne savent qu'attendre ce qu'on voudra bien leur donner, chez les seconds parce qu'ils se sentent investis d'un droit quasi divin (si ce n'est encore aujourd'hui d'un droit de cuissage, à voir le machisme du personnel politique).

Ce peuple a été infantilisé pendant si longtemps qu'il est encore aujourd'hui incapable de prendre collectivement en main son propre destin. Il attend toujours quelque chose d'un pouvoir qu'il considère comme supérieur au lieu de se responsabiliser. Quand on ne lui accorde pas ce qu'il veut,  tout au plus descend-il dans la rue faire du bruit sur des casseroles, casser des vitrines ou brûler des voitures, comme un gosse qui fait son caprice parce qu'il n'a pas eu la sucette qu'il réclamait, mais il ne lui viendrait pas à l'idée de s'organiser pour remplacer le pouvoir défaillant, comme il aurait pu le faire en 1968.

Bref, ce peuple est incapable de s'organiser en groupes de pressions réellement démocratiques prenant en main son destin collectif aux échelons municipaux, locaux, régionaux et nationaux. Chacun  préfère aller pleurnicher chez son maire, son député du coin, comme autrefois on allait quémander de petits privilèges au seigneur du village ou du comté. Le maire pleurniche auprès de son sénateur, le sénateur auprès de son ministre, le ministre auprès du Premier Ministre pendant que le Président regarde tout ça de haut.

Au sommet de la pyramide on a donc notre Grand Charles, notre Grand François ou notre Grand Jacques qui distribue les faveurs aux uns ou aux autres selon son humeur.

Alors, en 2007, à qui le tour de jouer à Papa Noël au Pays des Grands Enfants ? au Nain Grincheux ou à la Grande Duduche ? parce que les autres, non, franchement, ils n'ont pas des têtes de Père Noël, hein ?

 

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H
Bonjour,J'ai lu votre commentaire chez Michel le philosophe, suffisement interressant pour jeter un oeil sur votre blog.Le billet  "Au pays des grands Enfants" m'a fait penser à un texte de Robert  Musil, sauf que cela se passe en autriche et en 1913. Si cela vous interesse voir dans mon blog qui n'en est pas un ( exclusivement  des extraits de textes de Robert Musil et Karl Kraus ):http://henrialberti.blogspot.com/2006/12/confessions-politiques-dun-jeune-homme.htmlCordialement.
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